Article 23 : Assise à l'ombre des autres

Lorsque mon Âme se heurte violemment à l’obscurité de l’Homme, je cherche désespérément dans la souffrance du monde la beauté cachée. Cette souffrance n’est pas la plus terrible. Ce sont les ombres qui gravitent autour de nous lorsque nous sommes à terre. Ces ombres prennent racines dans la négation de nos pensées : le manque d’estime, le désespoir, la culpabilité, la colère…

Alors, je m’assois au pied d’un arbre et je ferme les yeux. Toutes ces ombres sont accablantes car elles sont dépourvues d’amour. Finalement, la mort n’est pas la pire tragédie de ce monde. Mais c’est quand l’amour s’en va…Car il laisse derrière lui un désert aride dépourvu de joie et de vie. C’est comme ça que le cœur de l’Homme s’anesthésie de tout et s’éteint avant même que la mort n’est stoppée ses battements.

Assise au contact de la nature, mes pensées vagabondent et j’invite mon cœur à se souvenir : je me supplie de ne jamais oublier l’émotion d’être en vie et le sentiment d’aimer. Ils ne savent plus, eux, ces Hommes…ces Hommes qui ont oublié le bonheur de ressentir de la sécurité au contact d’une autre existence humaine : un bonheur permettant de trouver au creux d’une autre vie, une maison, pour y déposer son cœur fatigué et sa tête alourdie par la douleur de vivre. Ces hommes, tels des pantins articulés, ont effacé de leur pas ignorants l’amour et l’humanité de leur essence même.

Près de cet arbre je regarde le ciel : ce n’est pas la distance qui divise le monde et les liens mais c’est le silence et l’égocentrisme qui nous déconnectent de tout. Cette prison intérieure, dont chacun possède pourtant la clef, garde en otage l’Être émotionnel et pleins de vie que nous sommes. Ainsi, chaque Homme demeure désespérément enfermé dans l’ombre de lui-même et la perdition de sa propre existence s’il n’ouvre pas la porte…

 

A travers le ciel,
j’implore chaque nuit pour que le monde reconnecte toute sa bonté
en sollicitant chaque Homme de suivre son étoile…

Et je prie pour trouver « mes gens », ces personnes avec qui je pourrai partager
le même monde de profondeur et de bienveillance…
et marcher à leur côté jusqu’à la fin.


Charlotte, 2022

Photo Charlotte Vergori


Article 22 : A tout hasard

 

Au gré des expériences et au fil des rencontres, je me suis souvent interrogée sur la notion du hasard : existe-il vraiment ? A-t-il une place dans les événements de la vie qui nous traversent ? 


Dans le langage courant, on entend souvent dire : « c’est le destin », « quelle coïncidence », ou encore « je l’ai rencontré par hasard ».

Tout au long de mon cheminement, je m’aperçois que tout ce que l’on vit en tant qu’humain a, en fait, un véritable sens et des informations précieuses à nous révéler sur nous-même. Cependant, il faut souvent du temps pour le décrypter. Et sûrement un peu de courage, de patience et de foi en la vie… Mais si on accorde une attention particulière à ce qu’il se passe dans nos vies, des miracles de compréhension peuvent naître progressivement à l’intérieur de soi, telles des petites fenêtres que l’on ouvre timidement vers un regard plus aimant envers soi-même et le monde.

Dans ma réalité personnelle, et qui n’engage que moi bien-sûr, je pense que le hasard n'existe pas : ni dans aucun évènement, ni aucune rencontre de notre vie. Je dirai même que le mot "hasard" a été inventé par l'humain pour éviter l’inconfort de se positionner lorsqu’il se sent dépasser par ce qu’il vit et ressent. Je m’aperçois de plus en plus que dans nos réactions spontanées face aux difficultés, il nous est plus facile de dire que ce sont les autres qui sont responsables de nos problèmes et que c’est à cause des épreuves de la vie que nous souffrons. A travers cette vision fermée de l’existence, nous nous disons alors que nous n’avons pas d’autres choix que de subir car « c’est la vie » comme on dit...

La problématique en pensant de cette façon, c’est que l’humain se victimise pour ne pas avoir à affronter ce qui le dérange en profondeur :

- cela bloque ses mouvements pour avancer en conscience,
- cela emprisonne son élan naturel pour aller de l’avant,
- cela envahit de peur sa profondeur d’amour pour laquelle il est né…


Il se paralyse et se noie dans les ruminations, le ressentiment au lieu d’enlacer de tout son corps et de tout son cœur l’expérience terrestre qu’il lui ait proposé de vivre depuis sa venue au monde.

Ainsi, il n’y a plus besoin de faire d’effort ni d’essayer de s’armer de courage si nous pensons que nous n’y pouvons rien et que seul l’extérieur est responsable de notre désarroi…L’humain se dit alors qu’il y a juste à attendre, dans son périmètre de connaissance et de confort, que l’orage passe…Mais en fait, en étant dans l’évitement et en accusant la vie, les nuages restent gris à l’intérieur de soi. L’orage, un jour, ne gronde plus mais une pluie de larmes finit éternellement par ressurgir dans nos yeux.

Bien-sûr, toute cette prise de conscience n’est pas sans douleur. Ce n’est pas un chemin aisé à emprunter : il demande avant tout de la bienveillance envers son humanité maladroite mais dont le potentiel à révéler peut être si grand en s’accompagnant courageusement pour prendre les rênes de son existence…et je pense que le premier sens à donner à sa vie se trouve là, à ce point de départ précis.

Nous n’avons pas de pouvoir sur les événements extérieurs. Mais nous avons un talent unique pour affronter les aléas du quotidien qui nous assaillent parfois avec tant de violence : c’est notre faculté de pouvoir penser. Dans cette démarche, nous pouvons alors initier un pas vers plus de conscience et ce pouvoir intérieur nous permettra d’accéder progressivement à la connaissance de soi. C’est dans cette issue que les événements de la vie pourront alors prendre un autre sens : par ce qu’ils nous imposent, nous pouvons reprendre le dessus grâce à la réflexion. Effectuer un travail d'introspection, chercher courageusement la compréhension de ce qu’il nous arrive, amorcer le changement quand il est nécessaire, se regarder sans masque, s'engager avec confiance dans une relation pleinement... C’est là notre responsabilité en tant que vivant. C’est comprendre que le cheminement vers la vie et l'amour demande un don de soi, des efforts et beaucoup d’énergie.

Tout a une raison d'être, même si le sens de ce que l'on vit n'est pas toujours saisissable sur l'instant. Avec de l'espérance et de la persévérance, même ce qui est douloureux dans notre vie finit par montrer une face cachée plus douce et par révéler un apprentissage derrière la violence de ce qu’on a pu vivre au départ. Et on finit par se libérer petit à petit du poids du passé...Un passé qui restera en nous, certes, mais sans nous écraser cette fois : écouter avec le cœur ouvert ce que la vie veut nous raconter.

Et au cours des événements, on fait des rencontres : elles ont, elles aussi, une signification d’existence dans notre vie. En effet, les autres agissent en nous comme un effet miroir de nos forces et de nos limites. L'interaction, quelle qu'elle soit, est un cadeau pour apprendre qui nous sommes...Vraiment, c’est une chance. Certaines personnes ne seront que de passage mais d'autres resteront auprès de nous. Peu importe la durée, toutes les rencontres sont importantes à vivre. Accueillons-les :

- il y aura des gens qui vont nous bousculer afin de nous remettre en marche vers une vie qui nous ressemble davantage,

- il y en aura qui déclencheront en nous de la souffrance pour nous faire réfléchir sur nos blessures alors réveillées,
- il y en aura qui seront des véritables miracles d’amour...

Ces dernières, seront des rencontres plus singulières et peu communes. De nature plus rares, elles nous toucheront en plein cœur et de façon inexplicable, nous redonnant foi en la vie, en nos possibilités. Des rencontres qui nous aideront à retrouver la lumière dans le noir et à identifier ce que nous avons de beau en nous. Ces rencontres-là sont uniques dans notre parcours d’humain, elles sont de vraies relations d’amour inspirantes et de véritables cadeaux de la vie dont il faudra prendre soin…

L'important, à mon sens, est de garder en tête qu’on a une responsabilité en tant qu'humain : d’abord envers l'autre dont la vie est précieuse mais, avant tout, on a une responsabilité envers soi-même car chacun de nous est l'acteur de sa vie et de son bonheur. 


« Le responsable de ta précieuse vie, c’est toi.

Alors fais-en bon usage. »

 

Charlotte, avril 2022