Article 19 : Un nouveau départ

.:. L'aube d'une existence humaine débute par un combat en faveur de la vie .:.

À l'état d'embryon, nous devons décupler nos forces pour nous couver dans le ventre de notre mère malgré la fragilité de notre état. Puis, en tant que fœtus, nous poursuivons l'édification de notre corps : toute la complexité humaine en seulement 9 mois. Et nous devons combattre pour survivre à la tempête physique et émotionnelle de l'accouchement.

Quel chemin déjà parcouru pour avoir le droit d'intégrer le monde des vivants !

Une fois que nous avons endossé notre enveloppe humaine, nous allons conduire notre quête personnelle. Un combat de longue haleine pour tenter de nous sentir exister :

-          nous combattons pour nos parents, pour répondre à leurs exigences et pour qu'ils soient fiers de nous,

-          nous combattons à l'école, pour durement nous instruire et pour nous intégrer au milieu des autres,

-          nous combattons pour un métier, pour être performant et pour nous sentir reconnu,

-          nous combattons pour un amour, pour sa réciprocité et pour le préserver,

-          nous combattons pour nos enfants, pour les défendre et pour les accompagner,

-          nous combattons pour l'amitié, pour combler nos manques réciproques et pour nourrir nos échanges,

-          nous combattons pour des inconnus, pour gagner une justice et pour honorer nos valeurs,

-          nous combattons pour une cause, pour réparer secrètement nos blessures et pour trouver notre identité.

Ces batailles, nous avons le sentiment de les remporter ou de les perdre en fonction de notre engagement et de notre force face à la vie. Mais, en réalité, il n'y a pas d'échec ni de victoire dans tout ça...Il y a juste des défis d'existences permettant des apprentissages. Et nous n'avons pas d'autre choix que d'avancer.

Et puis, arrive un jour différent, un jour où nous commençons à nous réconcilier avec nous-même. Nous pouvons alors temporiser tous ces combats. Nous pouvons retrouver cette personne au fond de nous, celle qui s'est cachée toute sa vie pour Être en fonction des attentes de l’extérieur. À présent, rien ne semble plus important que d’Être en fonction de notre intérieur.

Ainsi se calme le tumulte dans notre profondeur pour laisser place à l'expression de notre personnalité et de notre singularité. Nous pouvons alors :

-          partager sans nous épuiser,

-          offrir sans nous priver,

-          vivre sans nous perdre,

-          aimer sans nous oublier.

 Nous faisons des choix en conscience. Nous écoutons notre petite voix. Nous composons notre paix intérieure pour révéler notre authenticité. Sans négliger les autres ni la vie, nous écrivons notre histoire personnelle et nous vivons tout simplement pour nous.

 

.:. À présent, je m'adresse à toi cher lecteur .:.

Oui ! Toi qui est en train de me lire en ce moment ! Pensais-tu peut-être que ce récit était une histoire banale ? Il n'était qu'une introduction au message important que je suis venue te délivrer : tu es précieux. Seulement, t'en souviens-tu ? Tu es un être empli de spiritualité mais ton côté humain l'occulte quotidiennement au profil d'une vie matérielle et d'une charge mentale aliénante. Ce positionnement, que tu as choisi pour diriger ta vie, étouffe ta dimension unique et tu oublies d’être vivant.

Aujourd'hui se présente à toi un nouveau départ : celui de LA rencontre. Pas avec le monde ni l'autre mais la rencontre avec toi-même. Je pourrai même dire : une renaissance vers « toi-m'aime ». Ce grand pouvoir dont tu disposes, et qui est le libre arbitre, peut te permettre de prendre une nouvelle décision dès maintenant : celle de te choisir.

Au cours de ton périple, il y aura des doutes, des envies de détours mais, tu sais, tous les chemins conduisent vers l'inconnu. On aimerait en savoir davantage avant de tenter mais c'est une erreur car plus on s'obstine pour savoir et moins on est capable d'apprendre des surprises que la vie nous réserve.

Je sais ce que tu te dis, que c'est effrayant l'inconnu. Mais, ne t'inquiète pas, tu es humain. Et avant de te sentir libre, il va falloir affronter tes peurs. Quelques soient les sentiments que tu éprouves, tu n'as pas à en avoir honte. Pas la moindre honte. Toute relation nécessite des ajustements, de la patience et de l'attention. Et ta relation avec ton Être a besoin de tout cela. Sans oublier cette note du cœur si précieuse appelée l'autocompassion : chéris ta part sombre qui a juste besoin d'être aimée.

Accepter la rudesse de ta vie sans pour autant renoncer à elle. C'est sûrement là toute la difficulté qui t'attend. Car il est normal qu'après un drame, la vie s'éteigne au creux de ton être...Mais ceci est provisoire, ne l'oublie jamais quand tu seras dans l'obscurité. Tout s'éprouve, c'est comme ça qu'on façonne sa vie. Et je te promets qu'il suffit de peu pour réchauffer ton humanité qui est parfois happée par la souffrance au gré des événements qui te traversent ;

-          Regarde ! Ce sourire, la couleur de cette fleur...émerveille toi.

-          Sens ! Ce parfum d'enfance, le souffle du vent sur ton visage...imprègne toi.

-          Aime ! Cette rencontre inattendue, les merveilles de la nature...enrichis toi.

Reconnecte-toi à ce désir enfoui et qui peut dévorer passionnément tout ton cœur : faire quelque chose de la vie qui t'a été donnée.

Avant de te laisser poursuivre ton chemin, je tiens à t’offrir des mots pour parler de ta vie et de ta singularité : voici une visualisation pour poursuivre courageusement ta quête personnelle lorsque tu douteras de toi. Que ces dernières lignes puissent te rappeler combien tu es spécial. Puissent-t-elles murmurer à ton esprit l’Être lumineux que tu es dans l'immortalité de ta vie :

« Aujourd'hui, je comprends que la vie a mille visages.

Aujourd'hui, j'apprends à vivre au présent car il y a tant de possibles dans l'éternité d'un seul instant.

Aujourd'hui, j'apprends à mourir pour initier une métamorphose :

je pars à MA RENCONTRE et

je commence un NOUVEAU DEPART. »

  

Charlotte Vergori  « par amour pour ma vie éphémère », décembre 2020 

A chacun des patients que j'ai l'honneur d'accompagner

et dont la rencontre initie à chaque fois un nouveau départ en moi

pour tenter d'être une meilleure soignante petit à petit

(À Isa qui m'a encouragé à reprendre l'écriture,

ma famille qui m’a courageusement suivi en Dordogne pour vivre un nouveau départ... )



* Photo Charlotte Vergori


Article 18 : Quel avenir pour les soignants ?


🦋 En ce moment, être soignant c'est avoir un avenir incertain : en effet, comment savoir si chaque professionnel de santé pourra encore prendre soin des autres demain et après demain...alors qu'il est lui-même malmené quotidiennement par un système défaillant ? Toujours plus d'actes à effectuer avec de moins en moins de capacités, de temps et de moyens humains : le monde de la santé se meurt...

En ce jour pluvieux, j'ai relu la lettre que j'avais écrite pour mon mémoire de fin d'études en 2011 : du haut de mes 24 ans, j'avais écrit à mon métier avec tout mon coeur et ma passion pour l'être-humain...Cela me fait du bien de relire cette lettre 10 ans après car je me rends compte que malgré les années et les problématiques liées à notre profession, j'ai un amour débordant pour mon métier d'infirmière. C'est inexplicable, c'est en moi...
Cette lecture me permet de me souvenir pourquoi j'ai choisi ce métier car je ne veux jamais oublier...Chaque mot que j'ai écrit avec beaucoup d'idéal et de naïveté à l'époque prend finalement soin de ma fatigue quotidienne aujourd'hui car nous sommes malheureusement dans un environnement de travail maltraitant pour tout le monde, autant les soignants que les soignés.
Alors, si un jour je lâche prise car ce métier me demande trop de sacrifices, je tiens à dire avec toute la sincérité possible, que j'aurai vraiment aimé passionnément être...

" Merci à tous les soignants du monde...qu'ils soient encore dans les services ou non...
Vous êtes formidables 💙 "


🦋 Charlotte, une infirmière parfois désespérée mais qui essaie de rester...🦋




" 2.     Lettre à ma future profession 


Cher futur métier,


Il paraît que je suis idéaliste. Du moins, un peu trop pour pouvoir travailler avec toi "35 heures" par semaine. Et bien, je ne suis pas d’accord avec ça ! Au contraire, je pense que nous pourrions faire une bonne équipe toi et moi.
Je me revois m’engager dans cette formation, ce chemin houleux, qui est censé me faire parvenir jusqu’à toi, et dans peu de temps à présent, ça y est…je pourrai définitivement te rejoindre. Cela sera officiel, car l’état me délivrera un diplôme qui me permettra de vivre professionnellement avec toi.

Le temps passe bien vite. Je ne pensais pas que de me former à toi m’apprendrait tant de choses sur moi-même, sur les autres, sur la vie…Toutes ces émotions, toutes ces larmes, tous ces sourires, tous ces espoirs, toute cette souffrance, toutes ces rencontres… J’étais loin de savoir ce que cela signifiait « être infirmière ». C’est richement difficile et richement passionnant à faire, à être.
Pour pouvoir t’exercer pendant ces 3 ans de formation, j’ai du m’armer de courage pour m’adapter à toi, pour emprunter le chemin de la connaissance de moi-même et des autres, pour te pratiquer et pour comprendre les exigences qui te caractérisent. Je me rends compte que le temps m’aide beaucoup mais il n’est pas toujours mon allié car je le trouve trop pressé. Alors que le temps présent devrait retenir notre principale attention au quotidien.
Beaucoup d’étudiants, moi la première, se posent des questions sur toi tout au long de sa formation : au début tu attises vivement notre curiosité, puis tu nous fais peur par cette puissance qu’il nous semble devoir acquérir pour parvenir à toi. Ensuite, tu nous agaces profondément car il faut apprendre, apprendre, apprendre… pour que tu daignes nous accepter dans ton univers des soins. Et tu finis par nous attendrir car, en fait non, il ne faut pas être puissant pour faire les études que tu nous demandes afin de t’exercer un jour mais il faut être soi-même et un peu courageux car ta réalité est bien dure souvent. Et bientôt tu nous accepteras car on aura obtenu le diplôme qui nous permettra de rentrer dans ton univers des soins. J’ai hâte.

Je pense sincèrement que pour durer dans ce métier, il s’agit de tenir sur ce qui au début nous a motivé. Pour ma part c’est sans aucun doute le fait que j’aime les gens. Dans un métier aussi relationnel et vivant que celui de soignant, inutile donc de te dire que je me sens à ma place auprès de toi, même si tu me mènes la vie dure parfois ! Cette passion ne m’a jamais quitté. Jamais. C’est pour ça qu’elle a eu raison des nombreuses larmes que tu m’as fait verser. Ma conception des soins pourrait tenir en un mot : « apprivoiser ». J’aime beaucoup ce terme car il qualifie parfaitement et simplement le positionnement professionnel que j’ai adopté en tant qu’étudiante infirmière et sûrement, plus tard, en tant que soignante. En effet, il me semble que l’être-humain, dans le milieu professionnel dans lequel j’ai choisi de travailler, doit s’approcher avec discrétion et douceur. Je dirai même que le patient doit être approché « sur la pointe des pieds » pour tenter de tisser petit à petit un lien de confiance afin de permettre au soin d’exister. Et, sans oublier la dimension des connaissances, pour moi prendre soin relève avant tout du cœur.

Les patients que j’ai rencontré grâce à toi m’ont appris profondément ce qu’était la vie et la mort. Ces questions existentielles qui nous taraudent tellement. A mes yeux, le patient est acteur de sa vie et de son corps, qu’il soit à l’hôpital ou en dehors. La maladie n’enlève en rien ce positionnement chez le patient. Au contraire, en position de fragilité, il a d’autant plus sa place d’acteur car il se connaît et qu’il a ses propres ressources à mobiliser, des ressources qui sont une richesse, les siennes, car propres à chaque histoire de vie. Sans la prise en compte du patient comme étant un être humain acteur de sa santé et comme étant une personne qui a son propre cheminement, la dynamique de notre profession n’aurait aucun sens.

J’ai appris qu’être soignant c’est se mettre en position de se laisser toucher par la souffrance qui vient nous convoquer à une place à laquelle nous avons été peu formés et qui est de l’ordre de l’intime. La souffrance fait partie de la vie. Mais peut être que l’idée que chacun se fait de la souffrance est plus douloureuse que la cause de la souffrance elle-même : elle nous renvoie à nous-mêmes, à nos propres peurs d’enfants et aux traces qui en subsistent encore en nous. Ainsi une trop forte identification ou à l’opposé une indifférence voir un rejet rendra le soignant incapable d’établir une relation de soin adaptée. En tant que soignant il faut conserver un sens critique nous permettant d’interroger les situations de soins rencontrées, nous ne pouvons faire que des hypothèses car il n’y a pas une seule vérité et tout le positionnement soignant est là.
Je suis partie d’un défaut de « savoir faire » et j’arrive progressivement au « savoir être » comme racine de la relation quelle qu’elle soit.

A présent, je crois que le plus difficile reste à faire, c'est-à-dire mettre toutes ces réflexions en actes au quotidien sur le terrain, avec sensibilité et professionnalisme. Mais je me dis que quand on s’obstine à mettre un pied devant l’autre on arrive toujours quelque part…
J’espère que je deviendrai avec de l’attention, de l’élan et de l’expérience une infirmière avec qui « il fait bon travailler » et dont le plaisir serait contagieux. En plus, je peux te dire que je ne suis pas difficile, j’aime les relations dans tous ses éclats ! Et les patients ont besoin de sentir ce désir chez nous qui nous pousse à aller à leur rencontre…Je me dis que notre élan peut réveiller des envies qui sommeillent en eux. Alors ayons plaisir à travailler auprès d’eux, le soin commence d’exister par là à mes yeux.

Cher futur métier, maintenant il est temps pour moi de te dire : prépare-toi, j’arrive ! Et sache une chose, même « à fleur de peau », tu ne m’auras pas !


Charlotte

.:. A tous ces patients, passés, présents et futurs, qui ont fait, font et feront battre mon cœur de soignante .:. "

Article 17 : * 2022 *


🦋 Voilà qu'une année recommence telle une rengaine qui semble incessante et pourtant...L'éphémère hante notre vie dès notre venue au monde...

Alors, ce que je voudrai vous souhaiter c'est 365 jours d'opportunités tant que la vie est là : celles qui vous permettront de vous rencontrer toujours plus en profondeur pour oser être la plus belle version de vous-mêmes malgré la dureté du monde qui peut nous décourager parfois...

Mais surtout, je vous souhaite chaque jour d'expérimenter l'amour avec un grand A au travers de tout ce qui compte pour vous : l'Amour de la vie, l'Amour du couple, l'Amour de la famille, l'Amour de l'amitié, l'Amour d'une activité qui vous épanouis, l'Amour de la rencontre, l'Amour des voyages, l'Amour des animaux, l'Amour de la nature qui nous entoure...car c'est bien l'énergie la plus importante au monde ce sentiment d'amour : il peut guérir tant de maux sur terre et même dépasser la mort qui éteint un jours le corps mais jamais l'amour ❤️

Je vous souhaite à tous une douce et belle année 2022, à bientôt à travers la magie des mots 🦋


#InfirmièreToujoursProfondément
#PremierJanvier2022AuTravail
#HappyNewYear


Charlotte