Article 28 : " Vivere "

 

Un jour, l’enfance vient à passer et nous devenons adulte. Alors se présente à nous deux possibilités pour poursuivre le chemin de notre vie. Un choix à faire entre deux regards, entre deux attitudes afin de se positionner, de s’engager dans notre existence terrestre.

-      Il y a les Hommes qui ne se posent pas de question, qui se contentent des idées apportées par l’éducation et la société, se laissant hypnotiser par le bruit extérieur et tombant le soir d’épuisement…pour recommencer ainsi la même rengaine le matin venu. Telle une boucle infernale à l’allure rassurante car, parfois, nous n’avons pas le courage d’oser ni la force de faire autrement…

-      Il y a les Hommes qui s’interrogent sur l’univers, qui sont chaque jour en quête de sens et qui tentent coûte que coûte d’élucider le mystère de leur présence sur terre. Peu importe le prix à payer. Peu importe le nombre de larmes versées. Car pour ces gens-là, chaque nouveau matin est une promesse. Chaque seconde est une chance d’expérimenter la vie et la profondeur de leur Être.

Dans notre société actuelle, nous nous contentons bien souvent de survivre : nous prenons les grands axes de notre vie sans risquer de dévier sa trajectoire, ou que très rarement…Dans cette posture, nous « vivons au minimum » par peur de se retrouver face à nous-mêmes, face à nos pensées sombres et face à nos limites. Sûrement parce-que dans l’évitement, nous avons l’impression de contourner des chemins dangereux et donc des moments de souffrance…quitte à ne pas être pleinement vivant.  

   -      Pour ceux qui ont adopté ce mode de survie pour Être dans le monde, les rêves d’avant ont vieillis et la vie est devenue une routine grisée. Ils se contentent d’une obscurité d’existence partiellement éclairée.

  -      Pour les autres qui choisissent des routes moins linéaires et plus inconfortables, les rêves d’enfants sont des objectifs à atteindre donnant corps à leur existence, quand bien même cela impliquerait de ne jamais pouvoir les réaliser si la mort devait les attraper avant…ils auront au moins vécu pour les tenter et les chérir de tout leur cœur.


Ce matin, je regarde par la fenêtre le bel arbre majestueux au centre de mon jardin. Soucieuse, mes yeux contemplent chaque feuille qui se mettent délicatement en mouvement dans la douceur du vent qui vient les faire danser. Et mon âme se souvient : elle veut vivre avec de la passion dans le cœur. Chaque jour. Quitte à prendre le risque d’en souffrir souvent.
Quel sens peut avoir la vie si nous jouons sans cesse à cache à cache avec elle ? Comment écrire notre histoire singulière si nous ne la laissons jamais nous surprendre par ce qu’elle a de trésors à nous conter, nous enseigner et si nous ne prenons pas le risque de la laisser nous étourdir, nous habiter de tout son mystère ?

J’en suis sûre à présent : je suis venue au monde avec ce cœur-là, lors d’un hiver enneigé. Un cœur ouvert avec toute sa vulnérabilité mais qui veut garder en lui le courage d’apprendre et qui ne veut jamais arrêter de questionner la vie. Chaque battement qui tambourine dans ma poitrine souhaite interroger les autres et aspire profondément à les aimer. Mon corps, ce temple courageux qui abrite mon esprit, veut accueillir chaque émotion en l’invitant à l’intérieur de mon Être…espérant que cette route me révèle, pas à pas, les mystères de mon âme avant de quitter notre terre.

 

Aujourd’hui je fais ce serment : je te choisis La vie.

Je veux t’assumer de toute mes forces et t’aimer tant que je peux respirer ici-bas.

Puisque tu as la générosité de couler dans mes veines, je te promets de m’engager chaque jour avec toi.

Et jusqu’à ce que ma mort laisse la place à un autre être-humain

qui pourra à son tour être honorer de ta présence en lui.

Une présence aussi précieuse qu’éphémère…

 

Charlotte, juillet 2022



Photo Charlotte Vergori