Au gré des expériences et au fil des rencontres, je me suis souvent
interrogée sur la notion du hasard : existe-il vraiment ? A-t-il une
place dans les événements de la vie qui nous traversent ?
Dans le
langage courant, on entend souvent dire : « c’est
le destin »,
« quelle
coïncidence »,
ou encore « je
l’ai rencontré par hasard ».
Tout
au long de mon cheminement, je m’aperçois que tout ce que l’on
vit en tant qu’humain a, en fait, un véritable sens et des
informations précieuses à nous révéler sur nous-même. Cependant,
il faut souvent du temps pour le décrypter. Et sûrement un peu de
courage, de patience et de foi en la vie… Mais si on accorde une
attention particulière à ce qu’il se passe dans nos vies, des
miracles de compréhension peuvent naître progressivement à
l’intérieur de soi, telles des petites fenêtres que l’on
ouvre timidement vers un regard plus aimant envers soi-même et le
monde.
Dans
ma réalité personnelle, et qui n’engage que moi bien-sûr, je
pense que le hasard n'existe pas : ni dans aucun évènement, ni
aucune rencontre de notre vie. Je
dirai même que le mot "hasard" a été inventé par
l'humain pour éviter l’inconfort de se positionner lorsqu’il se
sent dépasser par ce qu’il vit et ressent. Je m’aperçois de
plus en plus que dans nos réactions spontanées face aux
difficultés, il nous est plus facile de dire que ce sont les autres
qui sont responsables de nos problèmes et que c’est à cause des
épreuves de la vie que nous souffrons. A travers cette
vision fermée de
l’existence, nous nous disons alors que nous n’avons pas d’autres
choix que de subir car « c’est la vie » comme on dit...
La
problématique en pensant de cette façon, c’est que l’humain se
victimise pour ne pas avoir à affronter ce qui le dérange en
profondeur :
-
cela bloque ses mouvements pour avancer en conscience,
-
cela emprisonne son élan naturel pour aller de l’avant,
-
cela envahit de peur sa profondeur d’amour pour laquelle il est né…
Il
se paralyse et se noie dans les ruminations, le ressentiment au lieu
d’enlacer de tout son corps et de tout son cœur l’expérience
terrestre qu’il lui ait proposé de vivre depuis sa venue au monde.
Ainsi,
il n’y a plus besoin de faire d’effort ni d’essayer de s’armer
de courage si nous pensons que nous n’y pouvons rien et que seul
l’extérieur est responsable de notre désarroi…L’humain se dit
alors qu’il y a juste à attendre, dans son périmètre de
connaissance et de confort, que l’orage passe…Mais en fait, en
étant dans l’évitement et en accusant la vie, les nuages restent
gris à l’intérieur de soi. L’orage, un jour, ne gronde plus
mais une pluie de larmes finit éternellement par ressurgir dans nos
yeux.
Bien-sûr,
toute cette prise de conscience n’est pas sans douleur. Ce n’est
pas un chemin aisé à emprunter : il demande avant tout de la
bienveillance envers son humanité maladroite mais dont le potentiel
à révéler peut être si grand en s’accompagnant courageusement
pour prendre les rênes de son existence…et je pense que le premier
sens à donner à sa vie se trouve là, à ce point de départ
précis.
Nous n’avons pas de pouvoir sur les
événements extérieurs. Mais nous avons un talent unique pour
affronter les aléas du quotidien qui nous assaillent parfois avec
tant de violence : c’est notre faculté de pouvoir penser.
Dans cette démarche, nous pouvons alors initier un pas vers plus de
conscience et ce pouvoir intérieur nous permettra d’accéder
progressivement à la connaissance de soi. C’est dans cette issue
que les événements de la vie pourront alors prendre un autre sens :
par ce qu’ils nous imposent, nous pouvons reprendre le dessus grâce
à la réflexion. Effectuer un travail d'introspection, chercher
courageusement la compréhension de ce qu’il nous arrive, amorcer
le changement quand il est nécessaire, se regarder sans masque,
s'engager avec confiance dans une relation pleinement... C’est là
notre responsabilité en tant que vivant. C’est comprendre que le
cheminement vers la vie et l'amour demande un don de soi, des efforts
et beaucoup d’énergie.
Tout a une raison d'être, même si le sens de
ce que l'on vit n'est pas toujours saisissable sur l'instant. Avec de
l'espérance et de la persévérance, même ce qui est douloureux
dans notre vie finit par montrer une face cachée plus douce et par
révéler un apprentissage derrière la violence de ce qu’on a pu
vivre au départ. Et on finit par se libérer petit à petit du poids
du passé...Un passé qui restera en nous, certes, mais sans nous
écraser cette fois : écouter avec le cœur ouvert ce que la
vie veut nous raconter.
Et au cours des événements, on fait des
rencontres : elles ont, elles aussi, une signification
d’existence dans notre vie. En effet, les autres agissent en nous
comme un effet miroir de nos forces et de nos limites. L'interaction,
quelle qu'elle soit, est un cadeau pour apprendre qui nous
sommes...Vraiment, c’est une chance. Certaines personnes ne seront
que de passage mais d'autres resteront auprès de nous. Peu importe
la durée, toutes les rencontres sont importantes à vivre.
Accueillons-les :
- il y aura des gens qui vont nous bousculer
afin de nous remettre en marche vers une vie qui nous ressemble
davantage,
- il y en aura qui déclencheront en nous de la
souffrance pour nous faire réfléchir sur nos blessures alors
réveillées,
- il y en aura qui seront des véritables
miracles d’amour...
Ces dernières, seront des rencontres plus
singulières et peu communes. De nature plus rares, elles nous
toucheront en plein cœur et de façon inexplicable, nous redonnant
foi en la vie, en nos possibilités. Des rencontres qui nous aideront
à retrouver la lumière dans le noir et à identifier ce que nous
avons de beau en nous. Ces rencontres-là sont uniques dans notre
parcours d’humain, elles sont de vraies relations d’amour
inspirantes et de véritables cadeaux de la vie dont il faudra
prendre soin…
L'important, à mon sens, est de garder en tête
qu’on a une responsabilité en tant qu'humain : d’abord
envers l'autre dont la vie est précieuse mais, avant tout, on a une
responsabilité envers soi-même car chacun de nous est l'acteur de
sa vie et de son bonheur.
« Le responsable de ta précieuse vie, c’est toi.
Alors fais-en bon usage. »
Charlotte, avril 2022