Une existence a atteint son terme pour toujours. Cela laisse en moi un sentiment étrange. Pourtant ces situations font partie de mon métier. Peut-on seulement "s’entraîner à côtoyer la mort" ? C'est une illusion car, même avec une blouse d'infirmière, je suis avant tout une personne qui a ses propres peurs et sa sensibilité. Je suis mortelle moi aussi et la mort des patients ne me le rappelle que trop bien.
Je
dois cependant conjuguer avec ces prises de conscience qui sont plus
nombreuses dans mon quotidien que si j'avais choisi d'exercer un
autre métier.
Pour
autant, à chaque rencontre avec la mort, je tente de la connaitre
toujours un peu mieux ; Elle ne porte
pas de manteau noir et n'a pas de
masque effrayant comme on pourrait l'imaginer puisqu'elle
ne représente à nos yeux qu'une image de peur et de tristesse.
Ce
matin, il me semble avoir entrevu une lueur différente dans la chambre
de ce monsieur : et si la mort nous donnait seulement la
main quand notre "contrat de vie" était terminé ? Pendant l'espace d'un instant, avant que la tristesse
ne me regagne, j'ai essayé de considérer que la mort était aussi importante que la vie. C'est bien elle qui
donne un caractère si précieux à notre existence et
qui nous rappelle de ne pas oublier de vivre. Sans la mort, la vie n'aurait
pas toute sa beauté.
Dans
ces moments là, ces moments de pertes, nous n'avons que l'amour
comme point de repère. L'être-humain ne peut
s'accrocher qu'à ça pour survivre lors du deuil. Parce-qu'au delà de la mort, le lien d'amour existe toujours...Ce lien indéfectible qui saura perdurer à travers l'absence physique car l'attachement n'aura jamais d'âge.
PS
: merci à mon binôme aide soignant de cette nuit là pour son
travail extraordinaire et à cette jeune infirmière qui a su gérer
cette situation avec beaucoup de professionnalisme. Car sans un
travail d'équipe, notre métier n'aurait aucun sens...
Charlotte, infirmière
par amour